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Le chômage atteint un plancher au Japon
30.08.2006Il a reculé à 4,1 % de la population active en juillet. Ce bon résultat doit autant à la démographie qu'au dynamisme retrouvé de l'économie.
Plein-emploi ou pénurie de main-d'oeuvre ? Le ministère du Travail a annoncé mardi que le chômage avait baissé de 0,1 % en juillet par rapport au mois précédent pour s'établir à 4,1 % de la population active. C'est le deuxième taux le plus faible des pays industrialisés, derrière le Royaume-Uni mais devant les États-Unis. Le ratio offres/demandes d'emploi a atteint 1,09 %, soit son plus haut niveau depuis juin 1992. Le chômage a baissé dans 32 des 47 préfectures du pays sur cette période. Le nombre de chômeurs a été réduit de 210.000 personnes en un an. Même la " précarité " tant fustigée par les sociologues aujourd'hui recule : l'embellie affecte encore plus les travailleurs à temps plein (+ 460.000 personnes sur le trimestre avril-juin) que ceux à temps partiel.
Ces bonnes nouvelles coïncident avec une série d'annonces d'importants investissements industriels qui témoignent de l'optimisme retrouvé de l'industrie manufacturière, qui exporte. Le numéro un japonais des mini-véhicules, Suzuki, va construire une usine au Japon, la première depuis 1992. Honda va monter sa première usine d'assemblage dans l'archipel depuis quarante ans. Même l'ultra-déficitaire Mitsubishi Motors embauche.
Natalité en chute libre. Mais un taux de chômage bas ne s'explique pas seulement par le dynamisme nippon. Paradoxalement, il reflète aussi son terrible problème démographique. La chute très rapide de la natalité a entraîné une diminution mécanique de la population active (- 10.000 personnes en un an), qui est une aubaine pour les jeunes et les femmes désireuses de travailler. Les salaires ont déjà commencé à augmenter tant le déséquilibre entre la demande et l'offre est grand. Le ministère de l'Intérieur a publié mardi les résultats d'un sondage qui estime que le revenu moyen des ménages a augmenté de 5,9 % en juillet sur un an. " Ces chiffres laissent à penser que les bonus d'été [les bonus sont une part importante de la rémunération, parfois jusqu'à un tiers du salaire annuel, Ndlr] ont recommencé à augmenter pour de nombreux salariés ", estime Hiromichi Shirakawa, économiste de Credit Suisse.
La baisse de la natalité entraîne d'autres phénomènes, sociaux cette fois. À Tokyo, le nombre d'étrangers venus d'Asie qui travaillent dans les petits commerces est frappant. D'importants problèmes de travail clandestin apparaissent déjà dans les zones industrielles. " Les petits équipementiers embauchent au noir. Pas les gros ", confie le patron d'un fournisseur européen dans la grande banlieue de Tokyo.
Cet afflux de main-d'oeuvre immigrée aura d'énormes conséquences sur la société japonaise, qui n'a jamais été une société d'immigration. C'est sans doute pour toutes ces raisons que cette embellie du marché de l'emploi n'a pas d'impact pas sur les dépenses des ménages. Celles-ci ont baissé de 1,3 % en juillet, selon le gouvernement. Les économistes l'attribuent au mauvais temps qui a gâché l'été cette année, mais il est à parier que cette prudence est aussi le signe que les Japonais ont compris que leur économie souffrait de nombreux maux et qu'il n'était pas encore temps de desserrer la ceinture.
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